La presse de Pastef s’est particulièrement distinguée cette semaine. Non pas parce qu’elle a été presque la seule invitée du palais qui a préféré snober la presse classique lors du voyage du chef de l’Etat en Chine. Mais surtout parce qu’elle a foulé au pied les règles élémentaires en matière de journalisme, d’éthique, de déontologie, de morale tout court. C’est le journal Yoor Yoor, dirigé par Serigne Saliou Guèye qui est allé le plus loin dans cet exercice. Ce quotidien proche de Pastef a osé qualifier les députés de Benno bokk yaakaar de ‘’racaille parlementaire’’.
 
Il est vrai que ‘’Yoor Yoor’’ est un journal d’opinion, donc un journal de combat, mais il y a un minimum de règles qu’il se doit d’observer. La première consiste à respecter à la fois les lecteurs et ceux sur qui on écrit. Qualifier les députés de racaille parlementaire est une injure. Or, le journaliste n’a pas pour vocation d’injurier, mais d’informer, d’éduquer et de divertir. Benno annonce une plainte la semaine prochaine. Il est d’ailleurs curieux de constater le silence du Cored sur ce cas.
 
L’autre média pro-Pastef qui s’est distingué est ‘’Sanslimites’’. Condamné par le tribunal à une peine de 6 mois de sursis assortie de 100 millions F Cfa d’amende pour diffamation contre Cheikh Issa Sall, le média reste ferme sur sa position : « Sans Limites persiste, signe et n’enlève aucune virgule sur sa position ! ». Le média ajoute que Cheikh Issa Sall a payé ‘’une certaine presse’’ (que signifie finalement cette expression ?) pour publier le verdict, parce qu’il a peur suite aux poursuites annoncées par le PM Ousmane Sonko.
 
Mais Sanslimites a trouvé un des arguments les plus surprenants pour expliquer sa défaite au tribunal. Le support accuse simplement son avocat de l’avoir trahi. Dans une note de réaction, le média affirme n’avoir jamais eu de compte rendu de son avocat sur ce dossier, alors qu’il lui a payé ses honoraires. « Me Abdinar Ndiaye a esquivé nos appels depuis plus d’un mois. Joint ce jour au téléphone après avoir vu les publications de certains sur les réseaux sociaux, il prétend avoir été malade pendant 3 mois et le comble c’est nous qui l’avons informé du procès qui aurait eu lieu aujourd’hui ».
 
En voilà une belle preuve d’irresponsabilité que de se défouler sur son avocat après la perte d’un procès. Quoi de plus simple que de contester le verdict et de faire appel ? Mais pour cela, il faut d’abord être sûr que le tribunal a tranché.  »Sanslimites » censé informer le public ne prend pas la peine de s’informer sur son cas, il est toujours dans le doute quant à la tenue d’un procès. « Sans Limites rejette donc ce verdict, si tant est qu’il existe », ajoute le média. Comme dit un confrère, ses confrères ont été sans aucune limite sur cette affaire.
 
La Une de Walf, Les Echos et la condamnation des journaux d’Abdoulaye Sylla
 
Le dernier cas de la presse du Projet (pardon, Pastef) se nomme Ngoné Saliou. Elle est justement l’envoyée spéciale de Sanslimites en Chine. Dans une vidéo, on voit la dame encaisser quelques billets de banque de la part d’une autorité. Ce dernier lui dit : ‘’c’est ton petit déjeuner’’. On aurait pu croire qu’elle a été filmée à son insu ; mais par la suite, elle a fait face à la caméra pour brandir la somme d’argent et commenter ce cadeau assez particulier. Les temps ont donc bien changé lorsque les journalistes acceptent des cadeaux face caméra pour s’en réjouir.
 
Pour l’instant, Pastef se complait à embarquer ce genre de profils sans tenue, ni retenue et qui ne sait même pas ce que signifie ‘’mobile du crime’’. Mais tout ce cirque prendra fin le jour où le Sénégal sera la risée du monde du fait du comportement de ces nouveaux journalistes du palais.
 
Seulement, aujourd’hui, il est difficile de faire la part des choses, de séparer la bonne graine de l’ivraie, car le même jour, une partie de la presse classique s’est distinguée elle aussi avec quelques articles assez particuliers. Walf Quotidien, Les Echos, Lii Quotidien et à une moindre mesure L’Info se retrouvent à leur Une sur le bilan qu’ils trouvent ‘’élogieux’’ de Barthélémy Dias à la tête de la mairie de Dakar. Si Walf prend le soin de mettre le qualificatif entre guillemets – ce qui est juste du vernissage –, Les Echos lui parle de ‘’réalisations élogieuses’’. Une publicité qui ne dit pas son nom et qui contribue fortement à semer le doute sur la presse, considérée, souvent à raison, comme étant à la solde des plus forts.
 
D’ailleurs, c’est ce même jour qu’on apprend que la presse de l’homme d’affaires Abdoulaye Sylla a été condamnée pour ses articles contre Zakiyoulahi, accusé d’avoir escroqué Sylla de 5 milliards. On se rappelle bien les Unes à charge publiées par des quotidiens comme Les Echos.
 

Bref, la journée d’hier est un bon reflet de la crise que connaît la presse : injures, parti pris, manque de niveau, de rigueur et de professionnalisme.

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