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Dominique de Villepin à la Fête de l'Huma.

Dominique de Villepin à la Fête de l’Huma. Hans Lucas via Reuters Connect

Invité ce dimanche, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac a estimé que ce n’était pas à Emmanuel Macron de juger si un tel gouvernement aurait «duré dans le temps». Il a aussi dénoncé «l’invisibilisation de Gaza».

Dominique de Villepin, l’ancien défenseur malheureux du CPE, aura été plus applaudi à la Fête de l’Huma que François Ruffin, le réalisateur de «Merci Patron !». Il n’est pas question ici d’éloquence ; aucun des deux n’en manque assurément. Mais, dans l’ordre des amours inavouables, une partie de la gauche s’est prise de passion – et ce n’est pas nouveau – pour l’ancien premier ministre de Jacques Chirac.

Elle a trouvé en lui le héraut de deux causes pour elle existentielles. Gaza bien sûr, au sujet de laquelle le père du «non» à la guerre en Irak de 2003 ne cesse de mettre en garde contre le chemin sans fin des guerres menées sans autre perspective politique qu’elles-mêmes. La crise politique française née de la dissolution estivale, ensuite, à propos de laquelle Dominique de Villepin est sans appel.

«L’invisibilisation de la mort à Gaza»

«Il y avait une force arrivée en tête, il fallait lui donner sa chance !», clame l’ancien premier ministre sous les vivats de la foule des militants de gauche réunie ce dimanche sur la Base 217 du Plessis-Pâté et de Brétigny-sur-Orge (91). «Est-ce que ça aurait duré ? Est-ce que le NFP aurait eu l’audace d’étendre ses lignes pour constituer un gouvernement qui puisse avoir une majorité ? Ça, ce n’était pas au président de la République d’y répondre à la place du Nouveau Front populaire», a tranché celui qui fut longtemps secrétaire général de l’Élysée.

Les applaudissements à tout rompre n’étaient pas moins nourris lorsque Dominique de Villepin s’est mis à parler de la guerre à Gaza, selon lui «invisibilisée». L’homme de droite, le lieu s’y prêtant, a ainsi choisi un concept marqué à gauche pour l’évoquer, mais, au-delà, son discours n’avait rien de surprenant tant il le répète avec constance depuis les jours qui ont suivi les attentats sanglants commis par le Hamas le 7 octobre en Israël.

«Le drame de Gaza, dans la représentation, et qui aggrave encore plus la frustration d’un certain nombre de peuples du Sud Global, c’est l’invisibilisation de la mort à Gaza, c’est le silence de la mort à Gaza», a dénoncé l’ancien diplomate, usant de la tonalité gaulliste qui lui est chère – naguère les «non-alignés», aujourd’hui ce Sud qui ne se reconnaît pas dans la nouvelle logique de blocs.

«Il ne s’agit pas de nier l’horreur, ni la barbarie, ni le terrorisme qui s’est fait jour le 7 octobre, mais tous ces morts ont un visage. Comment fait-on son deuil de ces morts qui n’existent pas ?» À la Fête de l’Huma, sans se départir de son style si éloigné des «Siamo tutti antifascisti !» entonnés avec une vigueur révolutionnaire par les cohortes militantes, Dominique de Villepin aura donc fait consensus, à front renversé sinon populaire.

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