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Tunisie : trois candidatures retenues, dont celle du président Saïed, pour une élection présidentielle sans grand suspense

Face au président sortant, qui brigue un deuxième mandat lors du scrutin du 6 octobre, se trouveront Zouhair Maghzaoui et Ayachi Zammel. Mais de nombreux prétendants ont renoncé à se présenter devant les « obstacles » rencontrés.

 

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Ils sont trois sur la ligne de départ pour l’élection présidentielle tunisienne du 6 octobre. La Haute autorité indépendante des élections (ISIE) a annoncé, samedi 10 août, avoir accepté les dossiers de candidatures du président sortant, Kaïs Saïed, de Zouhair Maghzaoui, 59 ans, un ancien député défenseur du panarabisme, et d’Ayachi Zammel, lui aussi ancien député et chef d’un petit parti peu connu.

Pour les quatorze autres prétendants éliminés − qui peuvent encore déposer des recours −, le président de l’ISIE, Farouk Bouasker, a assuré qu’ils n’avaient « pas recueilli suffisamment de parrainages ».

Selon les experts, le chemin vers l’élection présidentielle a été semé d’embûches pour les rivaux de M. Saïed, 66 ans, qui brigue un deuxième mandat. Les candidats devaient recueillir le parrainage de dix parlementaires, 40 élus locaux ou 10 000 électeurs à raison de 500 au moins par circonscription, un chiffre énorme selon plusieurs experts.

L’ISIE exigeait également un extrait de casier judiciaire (B3), prouvant l’absence de condamnations. Plusieurs candidats se sont plaints d’avoir été entravés sur le plan administratif pour obtenir les formulaires de parrainages ainsi que le B3. M. Bouasker a assuré qu’« aucune candidature n’a été refusée à cause du B3 ».

« Chasse aux sorcières »

En outre, un certain nombre de postulants potentiels, dont des dirigeants de partis comme Issam Chebbi ou Ghazi Chaouachi, sont emprisonnés pour des accusations de complot contre l’Etat. Ils font partie d’un groupe d’une vingtaine d’opposants, hommes d’affaires et anciens ministres, arrêtés en février 2023 pour complot contre la sûreté de l’Etat, une enquête dénoncée comme « une chasse aux sorcières » par Amnesty International.

Après avoir été élu démocratiquement en 2019, M. Saïed s’est arrogé tous les pouvoirs lors d’un coup de force le 25 juillet 2021, en révisant la Constitution pour substituer au régime parlementaire en vigueur un système ultraprésidentialiste où le Parlement n’a pratiquement plus de pouvoirs. Selon ses opposants, le chef de l’Etat a démantelé la plupart des institutions de contrepoids instaurées depuis l’avènement de la démocratie et la chute de la dictature de Ben Ali en 2011.

« C’est une élection jouée d’avance », a déclaré à l’Agence France-Presse l’analyste tunisien Hatem Nafti, soulignant que M. Maghzaoui avait apporté son soutien au coup de force de M. Saïed il y a trois ans. Même s’il est « un peu plus connu » que M. Zammel, selon M. Nafti, il est considéré comme « un opposant de l’intérieur, surtout critique du manque de résultats socio-économiques » et du bilan présidentiel. « Il n’a aucune chance car les gens préfèrent toujours l’original à la copie », a ajouté l’analyste.

L’autre postulant, M. Zammel, « n’est pas très connu », selon M. Nafti, estimant qu’« on a réglé en amont la question de l’élection en éliminant tous les concurrents ayant des chances ».

Le « One Man Show » de Kaïs Saïed

Parmi les candidats sérieux qui ont été recalés, des experts et médias citaient régulièrement le nom de Mondher Zenaidi, un ancien ministre du régime de Ben Ali, derrière lequel l’opposition aurait peut-être pu se rassembler, dit M. Nafti.

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La candidature de la figure de l’opposition, Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre (PDL) qui se revendique de l’héritage des autocrates Habib Bourguiba et Zine El-Abidine Ben Ali, a aussi été écartée. Mme Moussi est en détention depuis octobre, notamment pour complot contre l’Etat.

L’amiral à la retraite et ancien conseiller à la sécurité nationale, Kamel Akrout qui a renoncé au dernier moment à candidater, a dénoncé une « absence d’égalité des chances et des obstacles visant à exclure des candidats au profit d’un seul ». Le scrutin du 6 octobre « ne sera qu’une formalité qui ne servira à rien d’autre qu’à conférer une légitimité imaginaire à un échec politique, un effondrement économique sans précédent, une pauvreté extrême et un isolement diplomatique », a-t-il fustigé.

Vendredi, le militant politique et écrivain Safi Saïd, lui aussi considéré comme un concurrent sérieux de M. Saïed, avait jeté l’éponge, faute d’avoir collecté suffisamment de signatures. Il a dénoncé « un manque de clarté des règles du jeu », estimant avoir « failli participer à un “One Man Show” » de M. Saïed.

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