La Birmanie est confrontée à une « escalade » des crimes commis par l’armée, d’après des enquêteurs de l’ONU

Torture systématique, viols collectifs et violences faites aux enfants… Dans son rapport annuel, le Mécanisme d’enquête indépendant pour la Birmanie des Nations unies fait état d’une intensification des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par l’armée birmane.

 AFP

Un constat alarmant. La Birmanie est en proie à une « escalade » des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par l’armée, alertent mardi 13 août des enquêteurs de l’ONU. Dans son rapport annuel, qui porte sur la période allant de juillet 2023 à fin juin 2024, le Mécanisme d’enquête indépendant pour le Myanmar (MEIM) des Nations unies fait état d’une torture systématique, de viols collectifs et de violences faites aux enfants. Et souligne que ces atrocités se sont intensifiées « à un rythme alarmant dans tout le pays ».

Au cours de la période étudiée, le MEIM a recueilli des preuves montrant que les crimes de guerre sont devenus « plus intensifs et plus violents ». L’organisme, créé par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en septembre 2018, mentionne des attaques aériennes contre des écoles, des bâtiments religieux et des hôpitaux sans cible militaire apparente. Des mutilations physiques de personnes détenues pendant les combats, y compris des décapitations et la présentation publique de corps défigurés et sexuellement mutilés, sont également documentées par le rapport.

Des milliers de personnes ont été arrêtées et beaucoup ont été torturées ou tuées en détention, notent les enquêteurs onusiens. Ils font état de nombreuses preuves de torture systématique, y compris de graves violences physiques et mentales, telles que les chocs électriques, les étranglements, la privation de sommeil et les viols collectifs.

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« Nous avons recueilli des preuves substantielles montrant des niveaux horribles de brutalité et d’inhumanité à travers la Birmanie. De nombreux crimes ont été commis dans l’intention de punir et de terroriser la population civile », a déclaré dans le communiqué Nicholas Koumjian, à la tête du mécanisme.

Depuis le putsch du 1er février 2021, qui a refermé une décennie de parenthèse démocratique, la Birmanie est enlisée dans un violent conflit entre l’armée et ses adversaires issus de l’opposition politique et des minorités ethniques. Au cours des six derniers mois, plus de 3 millions de personnes ont été déplacées par les violences, selon le rapport.

« Culture de l’impunité »

Les victimes sont des personnes de tous âges et de tous sexes, y compris des enfants. « Personne n’a été tenu pour responsable des crimes commis, ce qui encourage leurs auteurs et renforce la culture de l’impunité dans le pays. Nous essayons de briser ce cycle. Je pense que le Mécanisme a fait des progrès considérables dans la constitution de dossiers pénaux contre les principaux responsables de ces crimes », a déclaré M. Koumjian.

Les enquêteurs ont partagé un grand nombre des preuves avec les autorités travaillant sur les affaires en cours concernant les Rohingya à la Cour pénale internationale, à la Cour internationale de justice et en Argentine, informe le communiqué.

Les conclusions du rapport s’appuient sur des informations et des preuves recueillies auprès de plus de 900 sources, dont plus de 400 témoignages de témoins oculaires. Les enquêteurs ont également obtenu des photographies, des vidéos, du matériel audio et d’autres documents, comme des cartes, des images géospatiales et des preuves médico-légales.

« Si la grande majorité des informations recueillies concerne des crimes commis par les forces de sécurité de Birmanie, il existe également des preuves crédibles de crimes commis par des groupes armés qui luttent contre l’armée », précise le communiqué, incluant notamment des exécutions sommaires de civils soupçonnés d’être des informateurs ou des collaborateurs de l’armée.

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