L’homme de 45 ans n’a nulle part où poser ses valises, et surtout pas à Bangui où un tribunal l’a condamné à la perpétuité par contumace.
L’affaire Mokom est l’une de ces histoires kafkaïennes dont la justice internationale détient parfois le secret. Sur la page Internet d’un site de collecte de fonds, bonnet noir sur la tête et parka sur les épaules, Maxime Mokom pose devant les tours de verre de la Cour pénale internationale (CPI). Le ciel néerlandais est gris et bas. La photo de l’ancien chef anti-balaka, une association de milices apparue fin 2013 en Centrafrique en représailles aux exactions des combattants de l’alliance de groupes rebelles à majorité musulmane Séléka, qui avait renversé le président de la République François Bozizé en mars 2013, vise à convaincre les internautes de lui porter assistance. Une cagnotte animée par ses avocats a été créée. « Maxime Mokom : une victime de la CPI », lit-on en titre. La « victime » a longtemps été suspectée de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre par le bureau du procureur de la CPI. Lors de la guerre de 2013 et 2014 en Centrafrique, il dirigeait sur le terrain les opérations des milices anti-balaka lors desquelles les civils musulmans, assimilés à la Séléka ennemie, étaient pris pour cibles. Jusqu’au 17 octobre 2023, Maxime Mokom était censé répondre des crimes les plus graves. Mais il n’y aura pas de procès car, ce jour-là, les juges ont annulé les charges qui pesaient contre lui après que le bureau du procureur a abandonné l’affaire. Celui-ci a expliqué, sans plus de détails, qu’il n’était pas en mesure de faire venir ses témoins à la barre.